L’année viticole 2017 restera dans les annales
Les vendanges qui sont en train de s’achever dans le monde devraient s’inscrire parmi les plus basses jamais enregistrées dans la production de vin. Selon les chiffres publiés mardi 24 octobre par l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), la production mondiale de vin serait estimée à 246 millions d’hectolitres, en recul de 8,2 % sur un an. Sachant qu’en 2016, elle affichait déjà un recul de 5 %, ce qui en faisait une des récoltes les plus maigrelettes depuis vingt ans. Cette fois, il faut remonter au début des années 1960, soit il y a plus d’un demi-siècle, pour trouver un étiage comparable.
Cette contre-performance est d’abord le fait d’un fort reflux européen. L’Italie, la France et l’Espagne, les trois plus grands producteurs mondiaux ont, en effet, été touchés tour à tour cette année par les aléas météorologiques. D’ailleurs le classement reste inchangé et les producteurs transalpins restent, malgré tout, sur la plus haute marche du podium, même si l’Italie paie le plus lourd tribut aux événements météorologiques exceptionnels, allant du gel à la sécheresse, qui ont malmené les vignes tout au long des saisons.
Selon l’OIV, le niveau des cuves italiennes devrait baisser de 23 %, à 39,3 millions d’hectolitres. La France table désormais sur des vendanges en fort repli de 19 %, à 36,7 millions d’hectolitres. Quand l’Espagne s’attend à un recul de 15 %, avec 33,5 millions d’hectolitres sur sa production de vin.
Dans le reste de l’Europe, la récolte allemande est aussi en retrait de 10 %. Seuls le Portugal, la Roumanie, la Hongrie et l’Autriche tirent leur épingle du jeu et bénéficient d’une hausse de la production. Globalement l’Union européenne devrait totaliser une vendange inférieure de 15 % à celle de 2016.
Pas de pénurie pour la production de vin
Hors de l’Europe, les Etats-Unis, quatrième pays producteur mondial, enregistrent, selon l’OIV, un niveau de production élevé pour la deuxième année d’affilée, à 23,3 millions d’hectolitres, en quasi-stabilité. Toutefois, ce résultat ne tient pas compte des éventuelles conséquences des violents incendies survenus en Californie.
En Amérique du Sud, le phénomène météorologique El Niño avait affecté le rendement des vignes en 2016. Cette année est donc plutôt celle du rebond, en particulier en Argentine, où les volumes s’envolent de 25 %, et au Brésil. L’Australie progresse également, et la Chine, qui perd une place au profit de l’Argentine, se classe au septième rang mondial avec une production de vin stable.
Cette chute de la production mondiale ne devrait pas entraîner de pénurie. L’OIV évalue, en parallèle, l’évolution de la consommation mondiale, qu’elle estime dans une fourchette de 240,5 à 245,8 millions d’hectolitres, soit 243,2 millions d’hectolitres en valeur médiane. De plus, les stocks sont là pour amortir les chocs. C’est le cas en particulier en France. La Champagne et la Charente avec le cognac, particulièrement touchées cette année, ont dans leur cave des vins et des eaux-de-vie en vieillissement et des réserves mobilisables en cas de mauvaises récoltes. Quant aux vignerons bordelais, également très affectés, ils ont, dès le gel de printemps, ralenti le flot de ventes pour mieux gérer leurs stocks.