Depuis plusieurs années, la nouvelle génération de vignerons a des envies de retour à la source, de revenir à l’essentiel du métier et aux valeurs primaires communes aux agriculteurs : la communion avec la nature.
Dans cette optique, beaucoup reviennent à des techniques ancestrales de vinification telles que l’usage d’amphores en terre cuite, ou encore à la sauvegarde d’un terroir en travaillant sur des cépages résistants adaptés à leur région.
Parmi les nouvelles considérations des vignerons du XXIème siècle, la sauvegarde de l’environnement est une préoccupation majeure, accentuée par de forts mouvements de mécanisation du travail dans les vignes et l’hyper pollution des terres agricoles due à l’utilisation abusive de traitements.
Ainsi, aujourd’hui nous amenons un peu de positivité à ce sujet en vous proposant 3 techniques déjà réintroduites dans plusieurs vignobles français et connaissant un véritable succès, pour gérer son vignoble dans le meilleur respect de ses terres.
1. Revenir à la traction animale
C’est une technique ancestrale, et pourtant le sujet revient à la mode depuis quelques années, et même précisément depuis quelques semaines : réintroduire les animaux dans la vigne (sujet dont nous avions déjà parlé dans notre article « 4 techniques écologiques et économiques pour la conduite de votre vignoble ! »).
Cependant, nous n’avions pas parlé du travail avec des chevaux de trait, qui est une technique de plus en plus réintroduite dans les vignobles, et ce pour plusieurs raisons : en termes écologiques, on utilise nécessairement moins d’énergies fossiles et on réduit les émissions de CO2 (tracteurs, machines lourdes…), mais on diminue aussi considérablement le tassement des sols.
Utiliser des chevaux de trait améliore la qualité sonore et la qualité de l’air environnant (cela semble être de l’ordre du détail, pourtant sur le long terme, les effets positifs se font ressentir). D’un point de vue social, cela permet de créer de nouveaux emplois ou de faire travailler des associations régionales ou locale, et la présence d’animaux a toujours eu un effet très bénéfique sur les humains en les amenant à se « sociabiliser ».
Enfin, le travail avec les chevaux est plus respectueux. Il préserve les piquets et les ceps de vignes à contrario du tracteur plus brutal. A moyen terme la traction animale permet une conduite plus durable et plus pérenne des vignes.
2. Utiliser des porte-greffes pour les pieds de vignes
Cette technique n’est pas aussi ancienne que la précédente, elle est cependant utilisée depuis la fin du XIXème siècle, notamment pour lutter contre la prolifération du phylloxéra dans les vignes (nous avons également écrit un article sur ce sujet : « Les envahisseurs de la vigne : le phylloxéra »).
Il s’agit de chercher dans les cépages résistants aux maladies connues ceux qui peuvent être utilisés comme support au pied de vigne initial (la partie enterrée).
Le greffage sur porte-greffes a de multiples avantages : on évite de multiplier les traitements des sols et de la vigne, ce qui engendre moins de pollution et moins de tassement des sols, comme vu précédemment, par la réduction de l’utilisation de tracteurs. Cette technique permet, par ailleurs, de faire perdurer la culture de multiples cépages de raisin en luttant naturellement contre les maladies et les parasites.
3. Passer par la récolte manuelle
La récole manuelle pour les vendanges est encore assez répandue, et représente un temps fort de la vie d’un vignoble : l’arrivée de plusieurs personnes, souvent de diverses origines ethniques et sociales, amenant une cohésion d’équipe, un travail collectif… C’est une période tout aussi anxieuse, éreintante que grisante, que les équipes permanentes et les équipes saisonnières vivent ensemble pendant plusieurs semaines.
Par ailleurs, la récolte manuelle permet nécessairement moins de pollution car l’utilisation de machines n’est pas nécessaire, et ainsi, une fois de plus, une réduction du tassement des sols.
Au-delà de cet avantage, le traitement des raisins lors de la récolte est forcément plus respectueux que la récolte machine, car les raisins sont cueillis à la main, ils sont moins blessés, moins triturés et moins tassés. Ainsi les rendements et la qualité des jus n’en sont que meilleurs.
Enfin, l’embauche d’emplois saisonniers et/ou sans qualification, notamment pour des « petits boulots » étudiants est un levier social qui permet à de nombreuses personnes désireuses de travailler de bénéficier d’une expérience dans le monde viticole.
Pierre Simler, prestataire laboureur à Albé
« Chez certains vignerons, nous avons divisé une même parcelle en deux : la partie travaillée au cheval donne des résultats complètement différents de celle travaillée au chenillard ou au tracteur. Nous avons eu jusqu’à un tiers de rendement en plus avec des raisins plus beaux et plus grands.
Une parcelle est totalement différente selon qu’elle soit labourée au moyen d’un cheval ou d’un tracteur. Le sol n’a rien à voir, il est non seulement plus aéré mais aussi plus vivant. La vie peut se développer dans la terre.
Plus la racine peut se développer en profondeur, meilleur sera le vin. »
France 3 – 2019
Ces différentes méthodes ne sont pas novatrices, et de nombreux domaines les utilisent déjà car elles apportent énormément de vie dans leur vignoble : mieux traitée, la terre est plus riche et elle donne de meilleures récoltes. Ces méthodes ramènent de la vie dans le vignoble qu’elle soit humaine, animale ou végétale. Pourtant, chacun d’entre eux pourrait témoigner de la complexité d’adapter de nouvelles méthodes plus nature-friendly à son vignoble, car ces périodes sont rythmées par des tests, des échecs et des réussites, qui prennent souvent beaucoup de temps et demandent un investissement personnel important. Le résultat est toujours extrêmement satisfaisant quand tout fonctionne, mais le chemin peut être long pour y arriver.
Le métier de vigneron est un métier de passionné dont on ne coupe pas une fois la journée de travail terminée, on est et reste vigneron par tous les temps et tous les jours de l’année.