De grâce, on passe les Saints de Glace !

Saint Mamert, Saint Pancrase, Saint Servais, ces noms ne vous disent probablement pas grand-chose. Ce sont en fait les fameux Saints de glace, à la fois tant redoutés et attendus par les agriculteurs car ils marquent historiquement la dernière période de risque de gel printanier des récoltes (du 11 au 13 Mai).


La fin de cette période marque avant tout un véritable ouf de soulagement pour les vignerons, car disons-le, le gel printanier n’a rien de nouveau (l’histoire des Saints glace date du moyen âge…). Pourtant, il n’a jamais été aussi destructeur du vignoble car sévit tous les ans depuis une dizaine d’années et peut toucher toutes les régions françaises (et il s’acharne même sur certaines à répétition).

Un symptôme du réchauffement climatique ?

Oui clairement, car le véritable problème ne vient pas du gel tardif (cela a toujours existé), mais plutôt du manque d’hiver rigoureux qui permet à la végétation de démarrer plus tôt dans l’année et la rend donc plus vulnérable au gel printanier.

La lutte contre le gel,
“aux armes ! sortez l’artillerie lourde !”

(Aurélien Ibanez)

Le fléau du gel printanier est si intense qu’une panoplie de solutions bien visibles et parfois impressionnantes existent.


Tours antigel, éoliennes mobiles, et parfois même hélicoptères sont utilisés comme brasseurs d’air pour mélanger la couche d’air chaud contenue en altitude à la couche d’air froid contenue au sol. Ces moyens efficaces représentent néanmoins un coût d’utilisation important.

Des moyens plus féériques sont utilisés comme l’installation de bougies au cœur des parcelles pour réchauffer l’air, l’aspersion, pour protéger les bourgeons à l’intérieur d’une poche de glace.

L’aspersion d’eau protège les bourgeons à l’intérieur de la glace où la température de dépasse pas 0 degrés (©LLB PHOTO)

Réflexion et la prévention avant tout

Nous l’avons dit, le caractère destructeur de gel printanier est aujourd’hui bien réel et surtout durable pour les vignobles français. Au-delà des moyens de lutte évoqués précédemment, des véritables questions doivent se poser sur la recomposition des vignobles et leur entretien pour limiter l’impact du gel.


Il est parfois difficile d’admettre que la vigne n’a pas ou plus sa place sur certains terroirs. Dans les années 70 / 80, la fréquence de gel printanier étant moindre, on ne prenait pas forcément en compte ce facteur dans les choix d’implantation. A contrario, lorsque la polyculture était la norme, on plantait la vigne sur les parcelles où le raisin pouvait mûrir et ne risquait pas de geler. 

Pour le reste, on y plantait les asperges dans le blayais, on faisait pâturer le bétail dans le Médoc, etc… Des réflexions à long terme doivent ainsi être menées pour guider et protéger le travail de nos vignerons.

Concernant les moyens préventifs, deux solutions nous semblent primordiales

  • La réimplantation d’arbres, des haies qui sauront créer un microclimat parcellaire protecteur (si cela est bien réalisé, et il faut être patient)
  • La taille tardive, en mars, technique ancienne et efficace mais qui nécessite de la main d’œuvre efficace sur un temps très court

La bonne pratique d’Olivier DAUGA


L’exemple du Château La Mouline / Moulis en Médoc

“Rien ne vaut la taille de Mars : j’ai souvent entendu cela dans la bouche des anciens. C’est pourquoi nous avons cette année expérimenté la taille de l’ensemble du vignoble au mois de mars. Cela représentait un sacré défi, car les équipes n’avaient jamais réalisé cela auparavant et il a fallu réaliser les travaux sur quelques semaines seulement.

Le résultat ? le gel des 4 & 5 Avril 2022 a impacté certains vignobles de Moulis, mais pas le Château La Mouline grâce à la taille que nous avons effectuée tardivement”

Les Saints Glace marquent la fin du risque de gel, mais encore bien d’autres défis sont à relever pour nos vignobles pour arriver jusqu’aux vendanges … A suivre !