Nous l’avions annoncé dans notre dernier article “l’été sera chaud”, mais alors à ce point… Une sécheresse plus vigoureuse que celle de 1976 et des épisodes caniculaires extrêmes vont être les marqueurs de ce millésime 2022.
L’automne est là et les vins sont désormais dans les cuves. Il est donc l’heure du bilan et pour cela, rien de mieux que la vision du Faiseur de Vin, Olivier DAUGA.
Olivier DAUGA, quelles sont les principales particularités de ce millésime ?
C’est un millésime marqué par une sécheresse extrême. Par exemple, on a relevé seulement 300 mm d’eau de pluie de janvier à septembre sur la façade Atlantique. Le gel a aussi eu un impact ainsi que la grêle, en Aquitaine des feux de forêt importants resteront dans les mémoires.
Mais surtout, c’est la précocité des vendanges qui est un facteur marquant, (elles ont par exemple débuté le 02 août en Roussillon !).
Concernant les volumes récoltés par nos clients ils sont identiques à l’année dernière et l’on constate de belles surprises qualitatives et quantitatives.
Cette sécheresse a-t-elle été si difficile à supporter pour les vignes ?
Par rapport à d’autres systèmes agricoles, la vigne reste malgré tout solide face aux phénomènes de sécheresse. Ses racines sont capables de puiser l’eau contenue dans les sols en profondeur.
Malgré tout, nous n’y avons pas échappé, le vignoble a globalement souffert de la chaleur et du manque d’eau mais il faut nuancer ce constat.
Je tiens à souligner que les vignes qui ont le mieux résisté ont été conduites avec peu d’intervention mécaniques, des couverts végétaux créant un mulch qui évite l’évapotranspiration naturelle, pas d’effeuillage, pas de vendanges en vert.
Le travail “à la fraîche », le matin, a été privilégié afin de préserver les hommes comme le végétal.
Il ne fait plus de doute que ces phénomènes climatiques vont se répéter, comment s’y adapter à long terme ?
Le vignoble va s’autoréguler et produira moins. Nous devons revenir à des pratiques culturales moins impactantes pour le végétal :
- limiter le passage de gros engins
- créer des zones fraîches en plantant des arbres et des arbustes
- Installer des couverts végétaux
Aussi, L’eau est un élément essentiel à la vie et il devient primordial de mieux la gérer sur l’ensemble des vignobles.
D’ailleurs le débat sur l’irrigation des vignes revient de plus en plus à l’ordre du jour…
L’irrigation est un leurre dangereux et met le vignoble en danger car les racines restent en surface et ne s’implantent pas en profondeur. Si il n’y a plus d’apport d’eau c’est la mort assurée pour les pieds de vignes.
Sur l’île de Lanzarote aux Canaries, il y a très peu d’eau et un milieu hostile, beaucoup de vent, des sols volcaniques, peu de végétation et pourtant on y cultive la vigne avec succès parce que l’on a su s’adapter aux conditions climatiques extrêmes.
Pensez vous que nous serons désormais prêts à mieux affronter ces phénomènes extrêmes à l’avenir ?
En retrouvant notre bon sens, en observant l’évolution climatique, nous devrons nous adapter à ces nouvelles données pour conduire nos vignobles. Pour cela il faudra accepter de produire moins et arrêter les productions intensives et massives.
Nous devons au question RESPECTER notre environnement.